Vie à l'étranger

(Sans) peur de la solitude

De nature calme et tranquille, je n’ai jamais eu besoin d’avoir beaucoup de monde autour de moi pour me sentir bien. Je n’ai jamais eu une grande bande d’amis, ou bien oui mais j’étais toujours celle qui partait avant, celle qui ne disait pas oui à toutes les propositions, celle qui ne pratiquait pas le même sport que les autres. D’ailleurs, je n’ai jamais été inscrite dans un sport collectif. Non, moi j’étais cette petite fille qui s’entraînait à la gymnastique rythmique, et même si on avait des compétitions en équipe, je trouve que c’est plutôt un sport solitaire, de dépassement de soi-même, tout comme la danse classique, là où j’avais commencé, en fait. J’ai également été une fille de solfège et de clarinette, donc des heures à pratiquer toute seule aussi. Même si, adolescente, je me suis éclatée à jouer dans des orchestres, je considère que ce sont des domaines où il faut aimer être seul pour pratiquer et s’entraîner.

La peur de la solitude

Mais en même temps, j’ai toujours eu un peu peur de la solitude. Par exemple, je n’ai jamais vécu seule. Lors de tous mes pèlerinages, de ville en ville, d’étudiante à jeune travailleuse, j’ai toujours opté pour les colocations. Des colocations calmes, certes, mais le fait de savoir que le soir il y aura quelqu’un qui rentre, m’a toujours rassurée. Encore aujourd’hui, j’apprécie que très moyennement les grosses fêtes, là où il y a beaucoup de monde, je n’aime pas beaucoup les mariages (de là que nous ayons fait un mariage à 12) et je pense que je n’ai jamais de ma vie organisé une fête pour mon anniversaire, vous me direz, ça tombe en plein mois d’août, pas facile. En plus, il s’avère que pour mon anniversaire je suis toujours à Minorque, je crois que je n’ai jamais eu (à l’exception de quand j’étais enfant) la possibilité de fêter mon anniversaire avec les gens avec qui je passe le reste de l’année, le reste de ma vie.

Je trouve que les têtes-à-tête et les petits comités sont plus qualitatifs, plus accueillants

Et puis, je suis fille unique. Oui. Pas de frères, pas de soeurs (mais j’ai grandi entourée de cousins). Parfois je me demande si ce besoin de me retrouver en tête-à-tête avec moi-même ne viendrait pas de là, du fait d’être enfant unique. Je vous rassure, j’ai très bien vécu mon statut d’enfant unique et c’est pour cela que je me pose cette question, est-ce l’oeuf ou la poule d’abord ? Est-ce que je l’ai bien vécu car j’ai cette nature ou j’ai cette nature car je suis enfant unique ?

Voilà, toujours cette espèce de solitude accompagnée, en quelque sorte. Et un besoin d’être avec moi-même qui ne diminue pas avec l’âge

N’empêche, parfois, la solitude est pesante. Etant free lance à la maison et habitant en campagne, enfin, moi je considère ça la campagne même si je ne suis qu’à 12 ou 15 km de la grande ville, je passe énormément d’heures seule. Toute seule. Je ne peux pas non plus m’inscrire à des activités comme je veux car je suis maman et que nous n’avons pas de famille à proximité de nous pour garder facilement notre fille. Mon mari, rentre plutôt de bonne heure mais ce n’est pas tout le temps évident que tout se goupille bien. En ce moment, je ressens plus que jamais cette solitude. En effet et comme je l’ai déjà évoqué, nous sommes en pleine construction d’une maison et comme mon ChériGuiri a des mains en or, il est très investi. Enfin, il y passe beaucoup d’heures. Je sais que je dois traverser quelques mois de beaucoup de solitude, samedi et dimanche compris (et c’est ça le pire) et j’appréhende un peu. Je me pose des milliers de questions. Je tourne un peu en rond et les vieux démons reviennent. Je n’ai pas grandi en campagne, donc ça me fatigue de devoir prendre la voiture pour tout, surtout avec une petite (attache siège-auto, détache siège-auto et ainsi de suite). Heureusement cette petite n’est plus un bébé et nous avons des conversations de folie ! Elle me fait rire et surtout, elle vient m’embrasser et me dire « T’estim mamà » -Je t’aime maman- (et ça, quand j’en ai plus besoin, les enfants ont des capteurs d’émotions, c’est une certitude !).

J’ai quelques copines ici mais elles ont leur vie aussi. On n’habite pas porte à porte non plus. J’ai déjà parlé aussi de se faire des copines dans une nouvelle ville. Surtout quand tu arrives et que tu as plus de 30 ans. Pas simple, pas évident. Les gens ont déjà leur vie de construite. Pas toi mais eux, oui.

Et d’un autre côté, la conjoncture actuelle fait aussi que, bien souvent, aller en ville reste une galère. Toujours les grèves, ça m’agace. Je ne sais pas vous mais à Nantes ça commence à être du n’importe quoi. Je n’ai pas envie de me retrouver avec une petite de 3 ans avec qui il faut faire un sprint quand elle dit qu’elle a envie de faire pipi (ou caca) en plein milieu d’une manifestation et d’une poignée de casseurs qui ne savent même plus pourquoi ils sont là. Je viens de lire que samedi de la semaine prochaine il y a une autre manifestation, la Bretagne réunie je crois, enfin, oui, d’accord, je suis d’accord mais bon, ça complique toujours la logistique (rues fermées et transports en arrêt) et seule, moins simple encore.

Alors voilà, en ce moment j'ai l'impression de faire face à une sorte de solitude... différente. Je ne suis pas seule mais je le suis. Est-ce la société aussi qui fait ça ? Est-ce parce que cela ne fait que quinze jours que je suis rentrée d'Espagne et que là-bas on vit plus dans la rue, plus avec les autres (au moins en apparence) ? Est-ce les modes de vie qui font qu'on se heurte de plus en plus à la solitude ? Est-ce que je ne sais plus créer du lien, moi, pourtant qui ai habité dans 7 villes différentes ? Est-ce parce que depuis que je suis maman, je suis moins insouciante ? Est-ce tout simplement que "je grandis" et je regarde la vie d'un autre oeil ?
Est-ce la solitude qui me fait poser des questions ? Ma mère dirait oui. J’en suis certaine.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Vie à l'étranger

Le retour

Le retour

Cela fait une semaine que nous sommes de retour. Que je suis de retour. Une semaine et tellement de choses déjà de faites, de papiers remplis, d’étiquettes collées, de genoux écorchés, de rails posés…

Une semaine seulement. Une semaine déjà. Et toujours cet entre-deux. Je m’étais dit, il faut que je raconte la rentrée de Princesse Thelma à l’école, et puis, par peur d’y mettre trop de fraise tagada, je me suis contentée de venir vous copier coller un statut Facebook que j’ai publié vendredi dernier, un écrit du cœur mais un peu plus vite que si j’avais pris mon brouillon WordPress. Et puis, je me suis dit aussi qu’il fallait venir vous parler de mon retour. Mais mon retour de quoi ? D’où ? Où ?

Et puis, je viens de répondre, il y a quelques minutes, à une enquête adressée aux expatriés espagnols. Boff. En vrai, ce sont toujours les mêmes questions, oui la paella me manque, enfin bref, non, parce que je la cuisine moi-même. Et puis, toujours ce mot E X P A T R I E qu’on ne sait plus ce que cela signifie de nos jours. Boff.

Alors, voilà, quoi vous dire si ce n’est qu’il y a huit jours j’étais encore sous le soleil méditerranéen, à pianoter mes projets freelance les pieds dans le sable. Le départ est toujours un peu dur. Le départ. L’au revoir. C’est tout. Après, plus rien. Plus de larme ni de larmichette parce que… depuis que je suis maman…. je suis forte !

Mais depuis que je suis maman, je me sens de plus en plus le cul entre deux chaises. Oh, pardonnez-moi l’expression. Mais en fait, je mets cela au fond d’un tiroir. De mon cœur. Et j’avance. En gros, parfois, j’ai l’impression de ne plus savoir ce que je veux. Plutôt, je ne sais plus d’où je suis, où je vais, où je veux aller. Et on fait avec. Je crois, au fond, que ce sont les symptômes du retour. Quand on me demande si j’envisage de rentrer, je dis oui et puis je dis non. Rentrer, au bout de tant d’années, je vous assure, ça fiche la trouille. Aussi.

Et puis, les matins, je vais à l’école déposer Princesse Thelma. Trois jours déjà. Et que je l’installe pour qu’elle puisse prendre sa collation. Et que je lui parle. Notre langue. Bien sûr. Et que des regards gentils se posent sur nous. Gentils mais des regards sur nous. C’est clair. C’est qui ces gens-là qu’ils doivent se demander. C’est quoi cette langue ? Et puis, je m’en refichtre encore. Je dépose un énorme-grand-géant bisou à ma chérie d’amour et je me retourne, je souris, je souhaite une bonne journée dans la langue de Molière à l’atsem car la maitresse est occupée à calmer les enfants qui sont en pleurs, et je pars. La mienne ne pleure pas, non.

Et lui aussi qui a des mains en or et fait notre maison. Notre maison quoi ! ça aussi, encore, ça fiche la trouille. Ma maison, ici. Ma maison à l’étranger. Et moi qui ne sait rien faire de mes mains, je passe mon temps avec elle. Ici. Dans notre ville de campagne calme à souhait. Il y a une semaine, nous étions encore en pleine effervescence espagnole, des bruits, des enfants dans la rue, des jeux dans la rue.

Le retour. Le silence. Le calme. Les modes de vie différents et nous au milieu.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Vie à l'étranger

La première Rentrée (dans un pays qui n’est pas celui de maman)

La Rentrée dans un pays qui n'est pas celui de maman

Les préparatifs

1 pochette pour le doudou ✔️
1 timbale ✔️
1 rechange complet ✔️
1 gant de toilette ✔️
1 serviette de toilette (usagée de préférence) ✔️
1 blouse en plastique avec manches ✔️
1 boite de mouchoirs en papier ✔️
1 protège cahier ✔️
1 sac ou pochette pour le goûter si besoin (si je « considère » que tu n’as pas bien mangé le matin avant de partir dans le cadre d’une histoire « d’éducation à la nutrition ») ✔️
des étiquettes et le nom partout ✔️

Privilégier les chaussures à scratch et les blousons à fermeture Eclair, éviter les écharpes, éviter les parapluies… bon alors, et si on disait #UniformePourTous ce serait peut-être plus simple, non ? parce que bon, quitte à ne pas pouvoir vraiment choisir les fringues de ses enfants… (oui, je ne suis pas entièrement d’accord mais laissons ça de côté). Enfin bref.

Tu es prête !

Voilà, ma fille, c’est ta première rentrée. Tu l’attends depuis 1 an presque. 1 an que tu vas à l’école par procuration et que tu nous racontes les histoires de ta copine d’amour rencontrée chez la nounou. Hier, tu t’es baladée tout l’après-midi avec le sac à dos « pasque ye veux aller à l’école maintenant ». Toi ma fille, je crois que tu es prête.

Maman un peu moins prête !

Quant à moi, ma petite princesse, je suis un peu stressée. C’est aussi ma première rentrée en maternelle dans le pays qui m’accueille. Alors voilà, pour « comprendre » ce que c’est que PS, je dois me parler à voix basse et faire des équivalences. Pour savoir ce que c’est qu’une ATSEM et bien, je ne le sais pas encore vraiment. Me dire que tu n’as pas école le mercredi après-midi ça me fait tout bizarre, moi qui ai toujours été à l’école 5 jours par semaine. Tu vois, hier matin, je suis même passé à la mairie pour quelques éclaircissements car entre accueils périscolaires, TAPs et centres de loisirs, je m’y perds un peu. Inscription par ci, inscription par là. La dame était très gentille mais j’ai compris qu’il y a des choses « que tout le monde sait ». Oui, tout le monde quand on est d’ici , madame, je lui ai dit.

Aujourd’hui, papa et moi on est venus avec toi. Et j’ai juste eu envie de te dire un truc : ne laisse jamais que l’école efface ta joie de vivre et ton sourire, ta curiosité et ton côté avenant. Garde avec toi le ciel bleu et le soleil dans ton cœur. Il est important d’avoir du soleil dans le coeur. Toujours, quoi qu’il arrive. Je serai là pour veiller. Ici ou là-bas.

Bonne rentrée granoteta meva!

Rendez-vous sur Hellocoton !