Vie à l'étranger

A la quête de chez soi – #Expat Tag (Conclusions )

Le temps est venu de mettre sur papier les conclusions sur le fond du Expat Tag. Pour ne pas me radoter (chose ennuyante, c’est sûr) je vous invite (à ceux qui venez de débarquer) à lire ces deux premiers billets traitant du sujet :

Des réponses à quelques questions (II) : Expat Tag
#Expat Tag : premières conclusions

Que ce soit par amour ou pas, toutes seules ou accompagnées je pense que nous sommes toutes des femmes à caractère, des filles qui avons une petite idée en tête assez claire de ce que nous voulons faire de notre vie -professionnelle et familiale-. Sans connaître les âges exacts on devine qu’il y en a de plus jeunes et d’autres un peu moins. Le slogan de “je suis une femme et je suis partie à l’étranger” nous poursuit dans nos bagages où que nous allions, quoi que nous faisions.

Je trouve assez intéressant, en lisant toutes les réponses, que malgré vouloir donner une apparence de sûreté, de maîtrise de ce qui se passe dans nos pays d’adoption, nous nous sentons toujours étrangères. Les unes un peu plus que les autres, mais nous avons toutes encore des moments où il est difficile d’échapper à ce sentiment bizarre de se savoir chez soi mais pas tout à fait.

Parce que de “chez soi” nous en avons aussi parlé. Réponses plus mitigés. Pour certaines le “home sweet home” est là où il y a le mari et les enfants. Pour certaines d’autres le “chez soi” renvoie immédiatement au lieu d’origine, l’endroit qui nous a vu grandir et où il y a encore une partie de la famille. Il aurait fallu, peut-être, s’arrêter et définir aussi la notion de famille pour chacune d’entre nous. La famille peut être définie en “petite famille” ou “grande famille”, ce qui, d’après moi, joue un rôle intéressant aussi quant au fait de se sentir étranger.

Un côté plus superficiel mais tout aussi important quand on vit à l’étranger : la nourriture, les repas, l’alimentation. Nous manquons toutes de ces quelques mets incontournables et qui nous renvoient avec force à notre enfance ! Alors, tous les colis-repas envoyés avec amour sont les bienvenus 🙂

Pour ce qui est des leçons qu’on tire de nos années à l’étranger, il y a des réponses assez intéressantes que je vais me limiter à reproduire, cela fait réfléchir :

Adopter la vie et la culture d’un autre pays ne peut se faire que si tu donnes autant, voir plus, que ce qu’on te donne. Il faut faire tes preuves, il faut être indépendant, il ne faut pas s’attendre à ce que les autres fassent les efforts à ta place. S’intégrer passe par un effort d’adopter tout de ton pays d’adoption – et savoir accepter les choses qui te plaisent moins. (Une anglaise en France)

Que les discours sur l’immigration exigeant que l’immigré se fonde complètement dans la société qui l’accueille sont proférés par des gens n’ayant pas vécu à l’étranger. (Une Québecoise à Paris)

Expatriation rime avec adaptation, toujours et encore mais aussi et surtout avec résilience. Vivre à l’étranger forge le caractère. (Une Française en Chine)

Malgré l’incroyable sentiment de liberté qu’on éprouve au début de l’expat, comme si on pouvait se réinventer, on reste fondamentalement la même personne, avec les mêmes traits de caractère. (Une Française en Angleterre)

Je ne pense pas qu’on puisse être heureux en essayant de recréer une vie “à la française” artificiellement. (Une autre Française en Angleterre)

Qui a lu Flatland, d’Edwin A. Abbott, levez la main ? C’est, grosso modo, l’histoire d’un petit carré tracé sur une feuille de papier qu’une sphère vient initier à la perception en trois dimensions. Tout d’un coup, le monde du petit carré lui apparaît sous un autre angle (« la vue de dessus » en l’occurrence) et le recul lui permet d’observer et d’analyser sa société d’une manière totalement nouvelle, inaccessible pour ses pairs limités à la 2D. Il comprend notamment qu’auparavant, il n’avait aucun moyen de mesurer – et donc de remédier – à son ignorance : il lui manquait un point de vue supplémentaire.

Ces années d’expatriation m’ont appris que je suis un petit carré. Mon monde en 2D, la culture dans laquelle j’ai grandi. M’expatrier a clairement changé ma perception du monde. (Une Française au Canada)

Parmi les 7 participantes nous avons eu un billet qui se détache un peu des autres. En effet, Une Humeur de Crapaud (une Française en Belgique) est la seule à dire qu’elle ne vit pas bien son expatriation. Elle n’aime pas son pays d’accueil et elle nous le fait bien sentir. Cela peut paraître un peu déstabilisant mais, pour être tout à fait honnête, je lui tire mon chapeau car elle est capable de dire ce qu’elle pense vraiment. Car je reste convaincue que malgré la richesse d’une expatriation (ouverture d’esprit, nouvelles rencontres, faire plus ample connaissance avec soi-même, etc) nous vivons toutes des moments durs, des choses que nous n’aimons pas mais que, par pudeur ou par peur, nous ne disons pas. C’est vrai.

Parce que immigrer, partir, vivre dans un autre pays… cela restera toujours un sujet délicat, regardez sinon ce qui vient de se passer chez nos voisins les Suisses !

Avant de clore ce chapitre je voulais aussi faire une petite mention à La Carne et à Juanita Amapola qui ont également répondu au Expat Tag après avoir trouvé le questionnaire sur le Net. Merci à vous.

Donc une très belle expérience avec ce questionnaire. Comme une boule de neige le Expat Tag s’est répandu sur le Net. J’ai reçu de nombreux emails et aussi beaucoup de commentaires sur l’ensemble des articles.

Une bonne copine, aussi expatriée (Une Polonaise en Espagne), vient de m’envoyer cette vidéo. Je vous la laisse. Elle est juste parfaite pour illustrer notre sujet. Elle dure 15 minutes mais cela vaut le coup, je vous l’assure ! (Merci Hanna)

[wpvideo wstPGv1N]

19 commentaires

  1. Pomdepin

    Merci pour ton tag et ta synthèse. C’est intéressant de voir comment les autres vivent leur expatriation. Et j’aime beaucoup ton premier point. (Les autres aussi, mais celui m’a marqué! )

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    • Margarida

      C’est aussi une des conséquences positives de ce tag : beaucoup de bloggeuses ont fait connaissance avec d’autres, des liens se sont crées, c’est super ! Pour ce qui est du caractère, à mon avis, on en aura toujours besoin 🙂

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    • Margarida

      De rien La Carne ! Plus on sera, plus on rira ! Et puis, plus on a des points de vue, plus ça devient intéressant !

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  2. lydouee

    J’ai été ravie de faire connaissance avec d’autres blogs. Ça c’est clair.

    Je ne suis pas Humeur de Crapaud, mais Lydoue. 😉 D’une Humeur de Crapaud est le nom de mon blog… 😉

    Je sens que je vais écrire sur cette fameuse votation Suisse, parce que pour venir de Haute-Savoie et avoir des amis Suisses qui crisent à la lecture de tout ce qui se répand depuis hier dans la presse, je puis affirmer que les Suisses ne vont pas faire pire que le reste des pays riches de l’Union Européenne ou les Etats Unis : juste instaurer des quotas, et certainement pas fermer leurs frontières. Bref… je ne vais pas m’étendre ici sur le sujet ! 😉

    Merci encore pour cet expat tag qui m’a permis de me lâcher, mais de me lâcheeeeeeer ! ^^^

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    • Margarida

      Coucou,

      Je sais que tu es Lydoue, mais Humeur de Crapaud est plus long, fallait bien remplir mon texte 🙂 Tu vois finalement, je n’ai pas eu peur de toi et de tes humeurs 🙂 J’attends maintenant de voir à propos du referendum en Suisse 🙂 Et puis c’est vrai ce que j’ai dit à ton sujet : aucune expatriation est rose rose, alors, tu es, peut-être tout simplement, la plus courageuse de toutes 🙂

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      • lydouee

        Non, je ne crois pas.
        Bien-sûr que chacun est forcément choqué par certains comportements dans chaque pays. Sûrement que chacun ressent à un moment ou à un autre de la xénophobie dans son pays d’accueil, à commencer par celui qui a choisi la France pour s’expatrier. Les crétins, il y a en a partout.
        C’est juste qu’ici, c’est XXL, et que personne ne semble vouloir le voir. Pire, on en encense ces braves Belges en France !

        Tu sais, je penses que j’ai développé une sensibilité exacerbée face à tout ce qui est négatif, mais que les autres ne perçoivent pas forcément.
        Je m’explique. Toute ma jeunesse j’ai souffert, mais sans jamais le montrer que ça m’atteignait, du regard d’autrui : 1,83 m à 14 ans, alors que les autres étaient encore des rase bitume, mais surtout à partir de 15 ans, et soudainement, je suis passée de quasiment pas de poitrine à une hypertrophie mammaire (opérée à 25 ans).
        Tu ne peux imaginer le regard des gens… Je peux affirmer, sans me tromper, qu’une personne sur deux se retournait sur moi, tant ma poitrine était énorme. J’ai ainsi développé comme une hyper vigilance à ce qui m’entourait… oreille fine pour capter toutes les réflexions, même les plus discrètes et une capacité à prévoir qui se retournerait, qui materait… Ce qui fait que cette faculté, fort encombrante et dérangeante à gérer au quotidien, car on est toujours confronté à des fâcheux dans sa vie et parfois c’est plus simple et relaxant de ne pas voir ou savoir, je l’ai gardée.
        Suis-je claire ou est-ce nébuleux ?… 😉

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        • Margarida

          Très claire, j’ai bien compris. Je suis aussi d’accord sur le fait que parfois est plus simple de ne pas voir ou ne pas vouloir voir/savoir… il y a plein de gens qui appliquent cette méthode mais moi je ne sais pas faire non plus. Parfois je me dis que c’est dommage, je vivrai peut-être plus tranquille 🙂

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  3. Isabelle de fromSide2Side

    J’ai vaguement vu passer quelque chose là dessus .. et j’en aurais eu à dire là dessus : suis résidente aux US .. pas toujours évident d’être confrontée à une autre culture … surtout avec des enfants .. et même sans .. mais le fait d’avoir des enfants à l’école locale et non en école française, change beaucoup la perspective que nous avons du pays.. A bientôt .. Isabelle

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    • Margarida

      Bonjour Isabelle,

      Je suis ton blog sur Hellocoton et sur ta page Facebook et c’est sûr que tu es une experte en expatriation. Mon tag a commencé tout petit, et doucement il s’est agrandi. J’ai eu comme une sensation que la plupart d’expatriés/résidents à l’étranger, nous avions un énorme besoin de nous exprimer ! C’est fou ! Je crois aussi que tu as raison quand tu dis que le fait d’avoir des enfants à l’école locale change beaucoup la perspective…Je reste convaincue que nous aurons l’occasion de reparler de tout ça et faire encore quelque chose autour de ce Expat Tag ! Merci de ton témoignage !

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  4. lydouee

    J’ai enfin visionné la vidéo. Elle est tout simplement géniale ! Un vrai bonheur ce type.
    Tu en sais plus sur lui ?

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    • Margarida

      Non, je n’en sais pas plus, j’ai beaucoup aimé aussi. C’est une copine qui me l’a passée, mais bon je me dis que, peut-être (j’émets toujours des “peut-être”) pour lui c’est plus facile à faire puisque c’est un homme, parce que pour moi hommes et femmes nous ne serons jamais pareils et nous ne vivons pas les choses de la même manière. Alors, lui il a réussi à trouver son équilibre, son chez-soi sans maison, etc, pour ma part je ne sais pas si je suis capable de me détacher autant de la “réalité” des choses.

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