Enfants

Maman à l’étranger

Petite princesse est une pipelette de 18 mois (pile aujourd’hui !) très joviale, souriante, très câline qui adore nous faire des bisous avec sa petite bouche -qu’elle prend bien soin de mettre dans la « kiss position »-, et qui porte bien le nom de pipelette parce qu’elle « parle » à longueur de journée. Oui, je vous assure. Elle fait de plus en plus des phrases longues, parfois elles se terminent avec une intonation particulière, en voulant dire « maman, ça c’est une question, tu as compris ? ». Mais non, on ne la comprend pas toujours. Comme tous les bébés, le langage met du temps à se mettre en place. Avec la particularité pour elle, comme vous le savez déjà, qu’elle a deux (et trois) langues à acquérir. Il y a des mots qu’elle prononce déjà de manière très claire : « aigua » (eau), « non », « papa », « mamà » (et parfois « maman »), mé (« més » qui signifie « plus »), « allô », « au revoir », « bébé », « doudou », « putó » (« botó » qui signifie « bouton »), « a y est », « ya ta » (de « ja està » qui signifie aussi « ça y est »), « baño » (« bain »)… voilà, j’en oublie certainement, mais c’est un joli melting pot qu’elle nous fait cette petite…

Parce que je trouve que l’expression d’origine anglo-américaine melting pot définit bien le fait d’élever un enfant à l’étranger. En tant que maman à l’étranger j’essaye d’assimiler tout un tas de choses, pratiques et émotionnelles que j’ai envie aujourd’hui de lister et de partager avec vous :

– Faire comprendre aux autres que OUI elle me comprend ! Et que OUI elle comprendra sa famille en Espagne;
– Lui transmettre beaucoup d’amour, le mien et celui de toute ma famille qui ne peut pas l’embrasser quand ils le souhaitent;
– Lui faire comprendre que cette famille qui est souvent « dans » l’ordi, elle ne peut pas la prendre au travers de l’écran;
– Que non, ce n’est pas à chaque fois qu’on appelle cette « iaia » (mamie) à l’étranger qu’elle doit courir comme une folle dans le bureau. Non, parfois on utilise le téléphone normal et non pas Skype;
– Faire que le partage de vacances ne soit pas un problème. On essaye de voir un maximum de fois la famille d’ici, pour partir sans regrets des semaines d’affilé, là-bas;
– Essayer de reproduire, tant bien que mal, ce que nous avons vécu en étant enfants bien que les personnes, les lieux et les habitudes ne soient pas présentes (et c’est dur dur!);
– Chanter ces chansons qui nous tiennent tant à cœur en sachant que personne d’autre partage ce moment d’émotion (= grand moment de solitude);
– Apprendre à ne pas faire attention aux gens qui vous « écoutent bizarrement » du coin de l’oeil dans la salle d’attente chez le médecin, par exemple (oui, cela arrive);
– Réaliser que la plupart de l’année on est seules à porter sur notre dos la transmission de TOUTE une culture, une langue et une famille;
– Vivre des jours qui sont importants dans votre pays d’origine (et pour vous) en étant ici un jour « normal ». Je pense notamment à la jolie fête des Rois Mages;
– Les jours où l’on ressent une petite baisse de morale, un petit peu de « mal de pays », ces jours où vous avez plus envie d’être là-ba qu’ici, essayer, coûte que coûte, que votre enfant ne le ressente pas;
– (…)

Et vous, mamans à l’étranger, comment le vivez-vous ? Vous m’aidez à compléter la liste ? Les autres, comment croyez-vous que vous réagiriez face à une maternité à l’étranger ?

Maman à l'étranger