Traduction

Travailler à Bruxelles pour l’Union européenne

Dans deux mois et demi, du 22 au 25 mai, auront lieu les 8èmes élections européennes qui nous permettront d’élire 751 députés qui vont siéger au Parlement européen en représentation des 28 États membres de l’Union européenne. Ce sera la première fois de l’histoire que nos voix auront une certaine influence directe sur le choix du président de la Commission européenne, élu par le Parlement après proposition du Conseil européen (à ne pas confondre avec le Conseil de l’UE ni avec le Conseil de l’Europe).

Vous voyez, je suis sûre que rien que ces 3 lignes et demi précédentes ont du donner envie à certains d’entre vous de quitter cet article (si ce n’est déjà pas fait). Oui, certes, les élections européennes approchent mais combien d’entre vous, d’entre nous, a juste envie de dire « mais qu’est-ce que ça m’est égal ! ». Avouons-le, l’Union européenne reste encore aujourd’hui quelque chose d’inaccessible mais surtout d’incompréhensible. C’est vrai, c’est une machine (comme on dit) tellement énorme qu’on s’y perd. Que même des eurodéputés qui arrivent à Bruxelles pour la première fois pour siéger aux Institutions s’y sentent aussi tout égarés que n’importe qui d’entre nous.

Je n’ai pas envie de vous expliquer le fonctionnement de l’UE. Ce n’est pas la place et puis ce serait tellement long… Mais voilà, je me dois tout de même de situer un peu le contexte du billet et je vais donc rafraîchir vos mémoires en vous disant que l’UE est composée de :

– Parlement européen (députés élus au suffrage universel direct, qui représentent les citoyens européens)
– Conseil de l’Union européenne (représente les gouvernements des États membres)
– Commission européenne (représente les intérêts de l’Union dans son ensemble).

Ce qui m’intéresse est de vous expliquer comment on vit quand on travaille pour l’Union européenne. Oui, parce que moi, dans une autre vie, j’ai vécu à Bruxelles pendant trois ans et j’ai travaillé pour une Délégation régionale auprès de l’UE. Parce qu’il faut savoir qu’à part les grandes institutions, il y a à Bruxelles tout un tas de lobbies, d’antennes régionales et autres organismes qui colonisent un peu la capitale Belge…

Travailler à Bruxelles pour l’Union européenne implique être disponible pour :

– Assister à des cocktails et afficher le sourire même si l’envie n’y est pas ! Mais c’est un bel apprentissage !
– Faire le travail des autres ou, du moins, un peu. Quand le Ministre vient pour assister au Conseil, il y a déjà eu de nombreux stagiaires et autres employés qui, payés au prix de leurs pays d’origine (comprendre par là : disparité économique entre tous les États membres), ont fait une grande partie du travail. Alors, on peut se sentir très grand car on a des responsabilités énormes mais on peut aussi se sentir bien petit car bien invisibles.
– Faire connaissance avec des centaines de personnes et vivre dans une ambiance de « moi-j’arrive-et-moi-je-pars », c’est-à-dire, une vie personnelle qui difficilement pourra connaître la stabilité car Bruxelles est une ville de passage pour les travailleurs/stagiaires/politiques qui n’y resteront que le temps d’un mandat/bourse/changement de chef de files. Le jour où j’ai décidé de ne rencontrer que des Belges ma vie a changé !
– Se rendre compte du gaspillage économique que suppose une Union européenne tel qu’elle est aujourd’hui. Une bonne partie du travail qui se fait là-bas pourrait assez bien se faire dans chaque pays, dans chaque État membre sans besoin d’ouvrir des antennes et des bureaux partout dans Bruxelles.
– Sourire et avoir envie de pouffer de rire quand pour la quatrième fois dans une année il faut assister à la même réunion à la REPER ou RPUE (Représentation Permanente Espagne ou France auprès UE -chaque pays à la sienne), en sachant que de toute façon, les pays ne vont toujours pas se mettre d’accord sur les quota de pêche…
– Pleurer face au poids des lobbies de l’industrie automobile, pharmaceutique et autres parce qu’il sont beaucoup plus puissants que la Commission, le Parlement et le Conseil ensemble.

Mais surtout, travailler au sein de l’Union européenne est une belle expérience personnelle qu’il faut vivre à fond et savourer à chaque instant. C’est se régaler avec chaque rapport, chaque amendement et chaque traduction. C’est aussi être invitée à plein de soirées européennes et faire connaissance avec des gens de tous les États membres, partager les saveurs locales et aimer les Open Days.
Et vous, quelle vision avez-vous de l'Union européenne ?

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Enfants

Cry translator ou l’application pour les pleurs des bébés

L’application pour Iphone qui traduit les pleurs des bébés, connue sous le nom anglais de « Cry translator », est l’une des applications médicales les plus vendues au monde. Il suffit de lancer cette application devant votre bébé qui pleure pour savoir si ses pleurs et ses cris sont dus au manque de sommeil, à la faim, à la douleur ou au stress. Une fois défini la source des pleurs, « Cry translator » va encore plus loin et il vous indique quelques bons conseils pour apaiser les larmes de votre petit bout.

C’est incroyable comme la technologie et la recherche n’arrêtent pas de nous surprendre. L’application a été testée cliniquement et les résultats sont positifs à 96%. Cette avancée technologique s’appuie sur les connaissances pédiatriques concernant les premières expressions des enfants. En quelque sorte, les larmes et les cris sont le premier langage des bébés.

L’application est en vente à l’Appel Store, mais les deux pères créateurs de cette machine magique ont aussi eu l’idée de faire fabriquer des appareils qui puissent fonctionner sans avoir besoin d’un téléphone.

Les experts pédiatriques connaissent trois grands types de pleurs :

– Cris assez forts qui s’accentuent vite, presque des cris de rage = Faim
– Pleurs spasmodiques et grognements = Fatigue
– Pleurs irréguliers, entrecoupés par périodes de silence = Douleur ou inconfort

Le traducteur de pleurs doit se placer à 30 centimètres environ du bébé et au bout de 10 secondes l’écran va afficher le type de pleurs qu’il reconnaît.

Même si c’est incontestable que les découvertes technologiques ne font qu’avancer je me pose quand même quelques questions :

– Cet appareil ne risque-t-il pas de remplacer le lien d’apprentissage de compréhension parents-enfants ?
– Les pleurs représentent les bases d’une future communication, ne sera-t-elle donc pas un peu tronquée ?
– Le savoir-faire et le savoir-être des mamans va peut-être passer à un second plan ?
– On dit que les enfants commencent de plus en plus tôt à maîtriser la technologie, on va encore les inciter ?
-…

Je tiens également à signaler que je ne l’ai pas testé. Mais si vous avez des avis à émettre je suis preneuse !

EDIT. Cet article avait déjà été publié en 2011 mais je viens d’apprendre que les pères fondateurs de « Cry Translator » ont de nouveau été récompensés ! Comme quoi ça doit plaire, ça doit marcher !

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Traduction

Traduire la poésie (exemples et conseils -audio inside)

Je vous laisse aujourd’hui quelques échantillons de mon travail de traduction. Non pas seulement parce que je désire vous parler d’une partie de mon boulot mais plutôt parce que je trouve que ces poèmes sont bien jolis, et comme toutes les belles choses, il faut les partager !

A la fin de l’article vous allez trouver quelques conseils de base pour bien traduire la poésie. Mais tout d’abord je vous laisse les déguster :

« La terre d’un homme
n’est pas là où il naît,
mais bien là où on l’attend »

Bureau49

« Dans le livre de notre destinée, on devine des fautes d’orthographe »

« La peau de la mer décline son gémissement
sur le rebord de l’obscurité.
L’ombre frémit et le bruit des astres
sur chaque rocher impose la certitude
de cet instant que rien ne dénature jamais. »

« Une main amie dépose dans notre bouche
déjà engourdie l’obole pour le vieux batelier.
De cette rive que nous quittons,
nous rappellerons-nous aucun souvenir ?
Partions-nous ? Revenions-nous ? »

Bureau47

« Ta clé ouvre tous les silences.
Que sont devenues les arcades,
les cafés des soirées couleur de sépia ?
La dernière lettre comble le vide
et les heures passent en pure perte, trahison
voulue par les jours qui naissent maintenant
comme une haie d’épines, comme un fleuve
entre nous.
Au coin des rues grandit l’ombre suave de l’oubli. »

« Tes yeux saigneront
mais ils ne pourront pas pleurer
et les miens non plus,
tu resteras
un poème cousu
sur tes lèvres,
et c’est que tu veux
que ta vie
soit une forte aumône du temps (…) »

Les quatre premiers poèmes sont de Antoni Xumet, le cinquième est de Margalida Pons et le dernier de Alex Volney. Ils ont été traduits du catalan vers le français en 2010 et font partie du recueil Majorque, l’île aux poètes. (que vous trouvez aussi en sidebar)

L’autre jour, quelqu’un me disait trouver un peu bizarre le fait de devoir traduire la poésie, cela doit être difficile m’a-t-elle demandé, bien sûr que oui. En fait, cette personne croyait qu’on traduisait mot à mot, que les rimes, le cas échéant (parce que ce n’est pas tous les poèmes qui ont des rimes, je vous le dis au cas où quelqu’un l’aurait oublié), devaient rester les mêmes et tout plein d’autres clichés. Je vous épargne d’autres questions que j’ai trouvé un peu bêtes, pardon naïves (restons polis), je me suis seulement dit que beaucoup de gens devraient lire beaucoup plus.

Quand on traduit de la poésie je vous assure que le cerveau travaille à mille par heure et que l’un des outils le plus précieux est un bon dictionnaire de synonymes. Une des premières choses à faire est de prendre le temps de lire tranquillement les poèmes, et de les relire encore et encore; quand je dis lire je veux dire lire en cherchant le sens. Souvent, en poésie on peut avoir un peu plus de mal à trouver le sens ou tout simplement se demander si c’était vraiment cela que l’auteur a voulu dire (oui comme quand on lit Flaubert au lycée, ahh, que cet auteur ne se lit plus, c’est vrai!! mince !). En traduction il n’y a pas de place pour les doutes. Donc, ce qu’il faut faire c’est rapidement contacter l’auteur et échanger avec lui. On lui demandera le message qu’il veut faire passer, pourquoi à un endroit précis a-t-il utilisé un mot et pas un autre, quelle est la référence de telle phrase et ainsi de suite. Quand on raccroche le téléphone après une conversation bien intéressante entre auteur et traducteur, celui-ci n’a pas le droit de garder pour lui des doutes, ni des questions. Sinon, on rappelle. J’essaie de vous expliquer tout cela d’une manière simple et un peu ludique, on peut penser que ce n’est pas si grave que cela si on « loupe » le vrai sens d’un mot mais, croyez-moi, cela peut vous porter préjudice. Ensuite il faut aussi accorder beaucoup d’importance, donc du temps et de la patience, à garder un certain rythme poétique, veiller à ne pas trop s’éloigner de la musicalité du poème d’origine. Quand on traduit entre des langues parentes c’est plus facile que quand on traduit des langues d’origine très différente.

Jakobson disait que « la poésie est intraduisible ». Moi j’ajoute que la vraie traduction de la poésie comporte la naissance d’un nouveau poème. Et c’est là que les métiers de « auteur » et de « traducteur » se rejoignent mais ce sont des figues d’un autre panier (l’occasion d’un autre article).

Traduire la poésie c’est un très joli travail, chargé de responsabilité mais avec une grande partie de plaisir.

Je vous laisse un audio de l’émission La poésie n’est pas une solution de France Culture (17/08/2012) avec Stéphane Bouquet et où ils traitent le sujet de traduire la poésie. C’est intéressant.

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