Le dimanche 7 octobre dans l’après-midi, nous nous sommes retrouvés pour célébrer notre Xe Rencontre d’enfants bilingues franco-hispanophones. C’est incroyable comme le temps passe vite, c’est fou de se dire que ce qui a commencé tout petit soit devenu aussi grand, c’est émouvant de voir que nous sommes de plus en plus nombreux, c’est encourageant de voir le nombre de familles intéressées par ces Rencontres.
Au fond, je pourrais dire que ce qui est “émouvant” ce n’est pas autant les Rencontres en soi mais de voir le nombre de familles conscientes que le bilinguisme précoce simultané de leurs enfants est une chance et qu’il faut tout faire pour mettre à portée des enfants un contexte naturel où ils puissent s’exprimer dans cette langue maternelle qui est ici minoritaire.
Nous sommes toujours ravis de nous rencontrer, bien sûr, mais à titre personnel, ce qui m’enchante plus que tout c’est d’observer les enfants qui sont là depuis la première Rencontre et d’écouter, un peu en cachette, comment ils se parlent entre eux. Je suis ravie de voir qu’il y en a qui ont fait de grands progrès car, ne l’oublions pas, chaque enfant et chaque famille vit le bilinguisme d’une manière différente.
Maintenant, nous avons mis le cap vers la prochaine Rencontre qui aura lieu en novembre avec une nouveauté dont je vous parlerai à l’occasion.
On parle de bilinguisme précoce simultané quand un enfant au moment d’apprendre à parler est en contact avec deux langues.
Cette situation survient, la plupart des fois, au sein d’une famille dont chacun des parents est de langue différente. Il s’agit majoritairement de familles binationales, de couples mixtes, autant de façons de nommer une même situation.
à ne pas confondre avec…
Il ne faut pas confondre le bilinguisme précoce simultané avec le bilinguisme précoce consécutif. Il s’agit ici, majoritairement, des enfants qui n’ont qu’une langue à la maison mais dès leur entrée à l’école ils sont en contact avec une seconde langue. A partir de 6-7 ans on ne parle plus de bilinguisme précoce mais de bilinguisme tardif.
Le bilinguisme précoce simultané présente certaines particularités :
De caractère culturel :
♦ Un des deux parents est souvent le transmetteur d’une langue dite minoritaire.
♦ L’enfant ne connaît que cet environnement linguistique et familial, c’est donc pour lui tout à fait normal de s’adresser à un parent dans une langue et à l’autre parent dans une autre langue
♦ Les enfants bilingues précoces simultanés n’ont pas 1 langue maternelle mais 2. C’est, en tout cas, ainsi que le ressentent les familles et les enfants, difficile de choisir entre père et mère.
De caractère cognitif :
♦ Souvent on dit aussi de ces enfants qu’ils ont un bilinguisme coordonné car ils se comportent comme un locuteur natif dans les deux langues. Dans chaque langue ils ont une représentation pour le même objet de référence.
L’évolution du bilinguisme précoce simultané…
Chaque enfant évoluera de façon différente en fonction du milieu et du contexte dans lequel il vit. En effet, pour ces enfants il est extrêmement important de rester en contact avec la langue maternelle minoritaire au-delà de la figure parentale. C’est là qu’intervient le facteur « utilité » qui avec celui de « l’affectivité » jouera un rôle essentiel dans le bilinguisme de l’enfant.
Si le petit bilingue précoce simultané peut trouver des lieux de partage et de communication dans cette langue maternelle minoritaire, cela contribuera à l’équilibre de son bilinguisme et on pourra dire de lui qu’il a acquis un bilinguisme équilibré.
Le bilinguisme précoce simultané doit être vu et vécu comme un aspect tout à fait naturel et inné chez un enfant. Toutefois, il convient de souligner qu’il sera sans doute nécessaire de mettre à la portée de ces enfants des outils qui leur permettent de mieux avancer dans leur vie de bilingue.
…et l’entrée à l’école
Souvent, l’entrée à l’école est un choc pour les parents des enfants bilingues précoces simultanés. Alors que jusqu’à présent, les parents, dans leur conjugaison familiale et dans leurs modes de vies avaient bien integré les rôles et les partages des langues dans leur quotidien, un nouvel élément vient perturber, quelque peu, la machine mise en route depuis la naissance de l’enfant.
L’enfant bilingue précoce simultané peut montrer certaines réticences vis-à-vis de la langue dite minoritaire, il peut montrer certains blocages, il peut montrer une certaine préférence pour la langue de l’école car c’est la langue du social, du partage, la langue du relationnel… Les parents peuvent alors s’inquiéter au vu de la forte progression linguistique dans la langue de l’école au détriment de l’autre.
Ce ne sont que des possibilités, cela ne veut aucunement dire que tous les enfants bilingues précoces simultanés passent par ces différentes phases. Au contraire, certains ne montrent aucun changement.
Si chacun reste à sa place et si les bases posées sont bonnes, il n’y a pas de raison d’avoir peur. L’enfant est un être extrêmement intelligent et son cerveau adaptable et flexible saura très vite retrouver un équilibre.
Un autre jour, nous parlerons de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour ces enfants bilingues.
A titre de rappel :
Quand on parle de bilinguisme, on parle, par extension, de plurilinguisme. Pour un enfant qui est en contact dès sa naissance avec trois langues, on parlera de trilinguisme.
On parle ici de langue minoritaire pour se référer à la langue maternelle à laquelle l'enfant est le moins exposé.
Notre IX Rencontre a eu lieu le 10 juin, dans les locaux prêtés très aimablement par le Centre Culturel Franco-Espagnol. Encore une fois, une quinzaine de familles se sont réunies pour donner à nos enfants bilingues (ou plurilingues) la possibilité de bouger, de jouer, de parler et de découvrir dans un contexte totalement hispanophone.
L’espagnol dans un contexte naturel
J’aime rappeler que l’objectif principal de nos Rencontres est de créer un environnement naturel dans lequel les enfants comprennent que l’une de leurs langues maternelles, que nous appelons langue minoritaire puisque ce n’est pas la langue du pays où nous vivons, est aussi parlée par d’autres personnes que la mère ou les grands-parents sur Skype.
Nos enfants vivent en français, ils vont à l’école en français, ils vont à leurs activités extrascolaires en français, il est donc extrêmement nécessaire de pouvoir trouver un espace où ils peuvent aussi développer l’espagnol.
L’espagnol, langue affective, langue effective
Langue affective
On dit toujours qu’il est nécessaire pour un enfant bilingue (plurilingue) de créer des liens sentimentaux et affectifs dans sa langue maternelle minoritaire pour qu’il ait plus envie de l’utiliser. Évidemment, le lien effectif le plus important est celui qu’il crée avec sa mère (père), le porteur de cette langue minoritaire. Mais à mesure que l’enfant grandit, son cercle social s’ouvre et il a besoin de prouver qu’il y a de la vie au-delà de sa mère et, par conséquent, que l’espagnol est aussi utilisé par d’autres personnes avec qui il veut passer un peu de son temps.
Langue effective
En outre, l’efficacité est également importante pour que ce langage se développe de manière équilibrée et harmonieuse. Les enfants ont besoin de voir le caractère “efficace” de la langue. Autrement dit, si un enfant pense que l’espagnol (dans notre cas) “sert” seulement à parler à sa mère, il n’est pas surprenant qu’il s’efforce moins dans sa vie de tous les jours à mesure qu’il grandit. D’un autre côté, si l’enfant voit que l’espagnol lui permet de découvrir de nouveaux jeux et d’avoir de nouveaux amis, il aura plus à gagner à continuer d’avancer dans cette langue.
Longue vie aux Rencontres
En résumé, cette IX Rencontre a été une fois de plus un moment convivial, où nous avons pu observer les enfants évoluer en espagnol et un moment d’échange entre les parents qui réfléchissent déjà à de nouvelles activités pour après l’été.
Née sous le soleil de l’île de Minorque, en Espagne.
Je suis tombée amoureuse de la langue française, à l’adolescence. J’ai voulu connaître la France
et la Belgique. Je l’ai fait et j’y suis restée. Un peu, beaucoup. Des allers et des retours. Des séjours à Barcelone et à Montpellier, à Lorient et à Madrid. À Bruxelles mais aussi à Paris. Et puis, un jour, l’amour m’a amenée jusqu’à Nantes.
Les langues, fil conducteur de mon histoire, sont ma vie et ma force. Alors en 2013 j’ai décidé de créer ArtiLingua, mon entreprise de traduction, rédaction et communication. J’accompagne aussi des familles dans le bilinguisme simultané précoce des enfants.
À part ça, j’aime ma Minorque et ma Bretagne, les mots, les images tendres et les tutus, mon ChériGuiri et ma Petite Princesse, mon vernis à ongles. Je suis une fille, maman, enthousiaste dans la vie et dans le travail.
Livres que j’ai traduits
Fondatrice et coordinatrice des Rencontres, avec le Centre Culturel Franco-Espagnol de Nantes
Ici on aime les mots, les langues et le bilinguisme
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