Bilinguisme

Anniversaire d’enfants bilingue : l’ouverture des autres

enfants bilingues et ouverture d'esprit

Il y a quelques jours, nous avons fêté l’anniversaire de Thelma avec ses copines. 9 pipelettes d’entre 4 et 7 ans souriantes, contentes, enjouées, le bonheur des enfants en état pur.

Un anniversaire licorne, bien sûr. Un anniversaire piñata, un anniversaire gâteau fait à 6 mains : elle, papa et moi (bon, j’ai pratiquement tout fait mais ils étaient là pour m’encourager et choisir la tonalité des colorants !)

Mais s’il y a une chose que je veux retenir de cette fête, c’est l’ouverture d’esprit-linguistique de ces petites filles. Elles sont bouche-bée quand je m’adresse à ma fille en catalan, elles écoutent les oreilles grande ouvertes. Au moment des jeux, je me suis mise à compter « un-dos-tres-quatre-cinq… ja! », elles ont toutes fini par compter en catalan, on a mis la musique en espagnol « rompe la piñata » le moment venu et pas une seule n’a dit, »je ne comprends pas ». Au contraire.

On a chanté joyeux anniversaire mais aussi happy birthday et cumpleaños feliz. Parce que depuis qu’elle a fait sa rentrée à l’école en PS, à chaque fois qu’ils fêtent un anniversaire, ils chantent aussi en espagnol. Et c’est beau. C’est aussi un beau choix pédagogique. Car l’ouverture aux langues c’est aussi l’ouverture au monde.

Je ne peux louer que la gentillesse de ces petites familles et leurs familles, bien sûr, car c’est quand je les vois si attentives à notre langue différente que je me rends compte que

Joyeux anniversaire cariñet meu!

Bilinguisme

Webinaire sur le bilinguisme et les enfants -Criar con Sentido Común

Quand Armando Bastida du site de référence d’éducation et parentalité en langue espagnole « Criar Con Sentido Común » m’a contactée pour savoir si je souhaitais donner un séminaire en ligne sur les enfants et le bilinguisme, je n’ai pas hésité une seconde, j’ai tout de suite dit oui.

Je trouve extrêmement important que l’éducation bilingue fasse partie des préoccupations des parents. C’est pourquoi je loue l’initiative de Criar Con Sentido Común qui a donné l’opportunité à des dizaines de familles de se plonger un peu plus dans le sujet et de savoir comment les familles bilingues élèvent leurs enfants sans tomber dans une sorte de tour de Babel ni créer des conflits familiaux.

Il est vrai qu’aujourd’hui, la plupart des familles sont très conscientes de l’importance de l’éducation, mais il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne la diversité linguistique avec laquelle certains enfants naissent et grandissent.

Parce que, pour certains, la parentalité bilingue N’EST PAS UNE OPTION, c’est une MARQUE DE FABRIQUE. De la même façon que l’on peut naître blond ou châtain, avec les yeux bleus ou bruns, certains enfants viennent au monde en et avec plusieurs langues.

Cette richesse linguistique ne peut être ni abandonnée ni sous-estimée dans aucun des domaines de notre vie, ni chez nos enfants ni chez nous, car les langues servent non seulement d’outil de communication, mais aussi de vecteurs des éléments indispensables au bon développement des enfants.

Lors du séminaire avec de Criar Con Sentido Común, j’ai parlé pendant plus d’une heure des sujets suivants:

⇒ Types de bilinguisme chez les enfants
⇒ Différences entre apprentissage et acquisition (bilinguisme familial et bilinguisme scolaire)
⇒ Bilinguisme et identité culturelle
⇒ Langue affective / Langue effective
⇒ Le code-mixing
⇒ La gestion du bilinguisme dans la famille
⇒ Parents monolingues: le rêve du bilinguisme!

Margarida Llabrés seminario bilingüismo Criar con Sentido Común

Ce fut un séminaire très agréable avec une forte participation des assistants. Toutes ces interventions intéressantes de parents m’ont prouvé, encore une fois, que, bien que vu de l’extérieur tout semble facile et naturel, il faut parfois mettre en place certains mécanismes pour favoriser le bon développement du bilinguisme. De même, l’enfant doit pouvoir contextualiser ses langues au-delà de la figure du père et de la mère.

Si vous ne connaissez toujours pas Criar Con Sentido Común, je vous invite à découvrir leur site web dès maintenant.

Et si vous n’êtes pas encore abonné à la lettre bilingue, je vous invite également à le faire et vous serez informé de nombreuses choses intéressantes!
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Bilinguisme

Les origines du principe « Une personne, une langue » pour le bilinguisme précoce

 

una lengua, una persona bilingüismo precoz niños

Dans le domaine du bilinguisme précoce, la plupart des gens parlent, sans le savoir, des écrits et des idées de Ronjat, « l’inventeur » de la méthode Une personne, une langue.

Jules Ronjat (1864-1925) était un linguiste français, docteur ès lettres, spécialiste de la langue occitane et vivait à Vienne, dans le Rhône, marié à une germanophone.

Ronjat était donc un homme de lettres et le père d’un petit Louis bilingue français-allemand. Ronjat s’est demandé un jour :

Comment un enfant se comporterait-il face à deux langues différentes qui lui seraient indistinctement parlées ?

Observation d’un enfant bilingue

Tout d’abord, rappelons-nous que les scientifiques de l’époque n’avaient pas accès au cerveau comme ils l’ont actuellement. Bien que la région de Broca (par Paul Broca) remonte à 1859, il y a des éléments qui nous semblent aujourd’hui évidents et qui ne l’étaient pas à l’époque, de sorte que les linguistes se sont adaptés et ont expérimenté avec leurs propres enfants.

Ronjat bénéficie des conseils du linguiste Maurice Grammont depuis le début, qui insiste sur le fait qu’il n’y a rien à enseigner aux enfants et qu’il suffit de leur parler dans la langue que nous voulons qu’ils connaissent.

Et c’est là que nous trouvons la réponse à ma première question : Grammont est celui qui est entré dans l’histoire comme le « fondateur » du principe UPUL parce que c’est lui qui l’a émis dans son livre Observations sur le langage des enfants (1902) et Ronjat l’a formulé avec son fils vers 1913. C’est pourquoi il est plus pertinent de parler du principe de Grammont-Ronjat.

Le principe a donc été défini à partir des observations et mises en pratique de Ronjat.

Que chaque langue soit représentée par une personne différente. Et ceci dès la naissance de l’enfant.

Cette « recette » devient d’autant plus importante aujourd’hui que nous avons connaissance d’expériences (par exemple celles de Patricia Kuhl, parmi tant d’autres) qui ont été menées avec des nouveau-nés et qui montrent que les bébés savent discriminer les langues.

Ronjat applique le principe UPUL à tous les parents et amis. Les deux premières années, Louis les passe en contact avec le français du père et l’allemand de la gouvernante. La belle famille parle l’allemand standard avec quelques particularités du sud. Ronjat donne de nombreux détails sur les caractéristiques de la prononciation de chaque orateur, qu’il soit francophone ou germanophone. Cependant, l’enfant parle comme maman. L’hypothèse de l’auteur est que l’enfant a passé plus de temps avec sa mère (cf. règle du 30 % d’exposition) qu’avec le personnel de maison, dont l’accent est davantage badois, mais surtout que l’enfant préfère la version maternelle pour des raisons de sentiments.

Ronjat est donc le seul francophone qui personnifie la langue minoritaire et est confronté à un enfant qui introduit souvent des mots allemands dans ses phrases françaises.

Ses tactiques correctives sont indirectes :

⇒ Oui, tu veux dire (mot en français)

Besoin de plus de contact avec la langue minoritaire

À 20 mois, Louis s’est rendu compte qu’il était moins capable de s’exprimer en français qu’en allemand. Le garçon passe 3 semaines en vacances avec des francophones mais cela n’a que peu d’influence sur sa production française.

4 mois plus tard, le séjour est de 5 semaines et est maintenant suffisant pour équilibrer les deux langues. Un séjour d’un mois à Paris met le français en position dominante, puis avec la visite de deux mois de la grand-mère germanophone restaure le niveau d’allemand.

Le petit Louis s’est lié d’amitié avec d’autres enfants bilingues franco-allemands dont les parents parlent allemand entre eux et avec leurs enfants. La communication des enfants commence en français puis devient bilingue, puis en allemand au fil des mois.

Il est également intéressant de penser que ces enfants bilingues utilisent l’allemand pour se distinguer lorsqu’ils se trouvent dans l’espace public francophone, comme si l’allemand était leur langue.

Nous constatons alors que les stratégies utilisées au début du 20e siècle ne sont pas si éloignées de ce que beaucoup de familles bilingues utilisent aujourd’hui, et que le naturel et la tactique corrective indirecte sont deux des aspects les plus importants du bilinguisme précoce. En même temps, nous observons l’importance de l’affect dans l’acquisition d’une langue ainsi que de son caractère utile.