Interprétation

L’importance de la traduction à vue (pour l’interprétation)

La traduction à vue, ou reformulation orale en langue cible d’un texte écrit dans la langue source, est une activité de traduction très répandue dans les domaines professionnels et de formation.

Certains auteurs la considèrent comme une étape antérieure à l’interprétation simultanée, bien qu’elle partage également certaines structures de travail avec l’interprétation consécutive, en raison de la nature même des moyens d’initiation (communication écrite) et de départ (communication orale), qui impliquent un certain retard dans la transmission du message.

Compte tenu de l’énorme complexité du processus, il requiert une série de capacités psychophysiologiques de base liées à la résolution de problèmes sous pression, à la mémoire et, surtout, à une grande fluidité orale pour un accès sémantique rapide.

La traduction à vue comme un exercice d’entraînement

La traduction à vue est un entrainement qui met le traducteur/interprète face à un exercice extrêmement complexe, car il demande de mobiliser un certain nombre d’aptitudes :

-rapidité

  • fluidité
  • trouver des solutions
  • ne pas buter

… mais notamment, je dirais qu’il ne faut pas confondre traduction à vue avec résumé ou synthèse.

Bien évidemment, la traduction à vue entendue comme un exercice d’entraînement peut se faire de façon progressive. En formation, certains donnent un temps de préparation, pour une première lecture et ensuite passage à la traduction à proprement parler.

Ne pas confondre résumé et traduction à vue

Faire une traduction à vue n’a rien à voir avec un exercice de synthèse. Bien sûr, la compréhension d’un texte passe par la compétence de savoir le résumer mais ici, lors d’un exercice de traduction à vue, il faut dire le texte original dans la langue d’arrivée et non pas le résumer.

Pour faire le résumé d’un texte, le cerveau suit, principalement, trois étapes :

  1. lecture
  2. compréhension
  3. synthèse

Alors que la traduction à vue se base sur la simultanéité :

On lit (1) et en même temps, on traduit (2)

Pourquoi la traduction à vue est importante pour les interprètes ?

Nous venons d’évoquer le terme simultanéité, ce qui nous rapproche indiscutablement de la pratique de l’interprétation simultanée.

Ainsi, nous pouvons affirmer que la traduction à vue nous aide à entrer dans la dynamique de l’interprétation simultanée, puisque dans les deux cas, il s’agit d’une interprétation qui nécessite une division de l’attention. En interprétation simultanée, il faut apprendre à écouter et à parler en même temps. Dans la traduction à vue, il s’agit de lire et de parler en même temps. La traduction à vue permet donc de mieux gérer le temps, puisque l’interprète n’a pas d’orateur pour donner le rythme, c’est lui-même qui donne son propre rythme, c’est donc un bon exercice d’entraînement.

Par ailleurs, la traduction à vue est parfois utilisée lors de réunions et conférences quand un des orateurs donne, à la dernière minute, un texte qu’il va lire à l’auditoire. L’interprète fera alors une traduction à vue derrière son micro. Je rappelle ici que la lecture d’un texte de la part d’un conférencier est un moment redouté par l’interprète pour une raison déjà évoquée précédemment : le rythme et le débit de parole. En effet, quand une personne lit a tendance à accélérer son débit de parole, ce qui complique la tâche de l’interprète.

Pour conclure, je dirai qu’avec la traduction à vue, l’interprète ou le traducteur, est subordonné à la forme écrite, à l’ordre des mots, aux structures syntaxiques plus ou moins rigides, et qu’il doit faire un effort supplémentaire pour découvrir le sens et l’exprimer, pour éviter les interférences lexicales et les calques qui peuvent survenir en raison de la forme écrite du texte original.

Interprétation

Le catalan et moi

J’en parlais dans ma dernière newsletter : depuis que j’ai décidé de reprendre le chemin du blog, mais exclusivement en langue française, j’ai eu des détracteurs. Pas beaucoup, mais quelques-uns.

Et c’est marrant, parce que quelle que soit la langue dans laquelle je décide d’écrire, il y a toujours quelqu’un pour faire une petite remarque.
Une fois, sur Facebook, j’ai publié un post en français et en espagnol sur ma page professionnelle et je l’ai ensuite partagé sur mon profil personnel avec sa version française mais aussi catalane. Il y a eu quelqu’un qui est venu me dire que pour une traductrice cela faisait bizarre que ce ne soit pas écrit en espagnol…

Je tiens ce blog depuis 2008 et dès le début le français est la langue principale. C’est né comme un défi, écrire en langue étrangère est toujours un défi. Mais, au fil du temps, le français s’est transformé en une langue première pour moi. Oui, c’est possible. La plupart du temps, je réfléchis en français.

Cela fait 20 ans que je suis en France (et un peu en Belgique), 2 de mes 3 diplômes universitaires portent le nom d’établissements français. Et sauf avec ma fille, ma vie se passe en français.

Mais pourquoi cette fois-ci, il y a eu des gens qui m’ont dit c’est pas bien, c’est pas bien ce que tu fais ? (enfin, ils m’ont dit no ho entenc, per què ? -je vous laisse chercher la traduction).

Parce que le catalan.
Le catalan.
Toujours le catalan.

Ma langue. Cette langue toujours si controversée. Cette langue constamment imprégnée de couleurs politiques, de revendications, de luttes.

◊ ◊ ◊

Je l’expliquais récemment dans un post LinkedIn : j’ai dû faire un choix tout simplement parce que je n’ai pas le temps pour tout. Et il s’avère que ce blog qui est né en français a beaucoup plus de lecteurs de langue française (ce sont les statistiques qui parlent). Alors, déjà qu’il n’y a plus grande monde à lire les blogs, autant écrire dans la langue dans laquelle on a plus de lectorat, n’est-ce pas ? Ma raison est aussi simple que ça. Mon choix est dépourvu de tout caractère militant.

Je défends le catalan, bien sûr, c’est ma langue ! C’est la langue qui m’a donné quelques petits prix littéraires quand j’étais à l’école. C’est la langue de mes parents. La langue que j’ai parlée en premier. La langue de mon île. C’est une de mes langues de travail aussi.
Et je sais qu’il y a du travail à faire pour la protéger, il faut se battre pour elle, il faut l’apprendre, il faut la parler. C’est une langue merveilleuse qui compte plus de
10 000 000 de parlants.
En France, il y a encore beaucoup de gens qui s’étonnent de savoir que le catalan est une langue vraiment parlée.

J’ai répondu à l’une de ses personnes qui m’a dit je ne suis pas d’accord que tu arrêtes le blog en catalan, que je la comprenais, bien sûr et que, par ailleurs, mon travail de protection de la langue catalane, je le mène tous les jours avec mon travail d’interprète de langue catalane en France. Nous ne sommes pas nombreux et quand on propose nos services à des entreprises catalanes qui se développent en France, à des institutions qui ont des programmes en commun avec la France, à des marques catalanes présentes sur des salons en France, etc., tout le monde se montre content et reconnaissant. Pareil pour la traduction, c’est toujours un plaisir pour moi d’accompagner des entreprises françaises qui s’installent à Barcelone (et ce qu’il y en a !) en les aidant à répondre aux appels d’offre, à confectionner leurs stratégies marketing ou encore en traduisant tous leurs supports.

◊ ◊ ◊

Et je trouvais aujourd’hui important de vous en parler parce que, parfois, dans un pays plutôt monolingue qu’est la France, on a du mal à se rendre compte de l’importance des enjeux plurilinguistiques d’autres pays.

Je suis à faveur du plurilinguisme (autrement, ce serait incompréhensible pour quelqu’un qui vit des langues !) mais je n’ai pas le temps de tout faire, tout écrire dans 3 langues. Vous me pardonnez ?

Interprétation

L’interprétation de liaison en milieu industriel

Il n’est pas rare que l’interprète travaille en milieu industriel. Nous sommes souvent sollicités afin d’intervenir dans des entreprises du secteur industriel. Les situations d’interprétation peuvent être diverses, mais la plupart des fois, il s’agit de :

– formations
– installations machine

Bien évidemment, il s’agit d’un univers assez technique, avec une terminologie propre et, qui plus est, parfois changeante d’un acteur à un autre. Travailler à pied de machine ou dans une salle de formations est très enrichissant.

Pourquoi je dis que la terminologie peut varier d’un lieu à un autre ?

Tout simplement parce que d’un site à un autre, d’une usine à une autre, les employés ont leur propre jargon. Pour nommer un même objet, il peut y avoir différentes façons de le faire, selon où se trouve le site ou selon les habitudes.

Mais il peut y avoir également une autre raison : fréquemment, les manuels techniques, traduits par des agences, ne coïncident pas avec la manière de parler des employés. Et c’est en arrivant que l’interprète s’en rend compte !

Ce type de missions requiert d’une préparation exigeante, cela ne se fait pas en un clin d’œil : prise de connaissance des manuels d’opérateurs qui peut prendre des heures, confection de glossaires, révision de la documentation technique, etc.

Une fois sur place, l’interprète joue vraiment un rôle de transmetteur et de lien entre les différentes personnes présentes (formateurs, opérateurs, techniciens, ingénieurs, mécaniciens, réparateurs…) et c’est passionnant !