Interprétation

Cet interprète qui sait parler de tout

SAVOIR PARLER DE TOUT SANS TOUT SAVOIR

Je faisais l’autre jour du ménage et du tri dans mon bureau.
Et j’ai trouvé des pépites, des choses qui ne servent à plus rien, mais aussi des souvenirs inestimables.

Parmi ces souvenirs inestimables (que je compte garder à vie), un paquet de badges de mon époque professionnelle à la capitale de l’UE, Bruxelles.

Bruxelles est une ville où j’ai beaucoup aimé vivre. Mais, surtout, Bruxelles est l’endroit où j’ai commencé ma carrière professionnelle. Et Bruxelles restera ce lieu de mon plus grand apprentissage professionnel. Déjà, parce qu’il est difficile d’oublier les premières fois, mais aussi parce que la capitale européenne est un joyeux mélange éclectique.

De 2005 à 2008, j’ai parcouru les couloirs de :

  • La Commission
  • Le Parlement
  • Le Conseil
  • Le Comité des régions
  • La REPER

 

 

J’ai fait multitude d’interprétations (en cabine et de liaison) et de traductions.

Mais, essentiellement, j’ai appris le fonctionnement d’une grande machine, les rouages de la politique, le travail avec des hommes et des femmes politiques engagés pour leur région, leur pays. J’ai aussi appris le grand rôle joué par les lobbys. J’observais tout avec de grands yeux et de grandes oreilles.

J’ai appris tout cela, et bien plus encore. J’étais jeune, je sortais de 7 ans d’études supérieures. Quand on m’a « refourgué » d’abord la politique de la PAC et ensuite celle de l’environnement, je me suis dit que ce n’était pas possible (quoi ? moi ? la fille de lettres ? non, non, ce n’est pas possible !). Je me souviens d’avoir frappé à la porte de l’homme politique qui dirigeait le bureau où je bossais pour lui demander s’il ne s’était pas trompé dans la distribution des politiques et il m’a dit que nenni, que mes collègues ne maîtrisent pas suffisamment bien les langues et qu’il fallait tout très bien comprendre parce que la PAC et l’environnement sont le nerf de la guerre de l’UE. Alors, j’ai acquiescé et je suis repartie étudier de très près le protocole de Kyoto, la pêche de thon rouge et les particules fines…

Une fois dans mon bureau, un peu dépitée tout de même, j’ai pensé à ce grand professeur (un ancien de l’ONU) que j’ai eu en Master d’interprétation qui nous disait que : « pour être interprète et traducteur, il faut savoir parler de tout sans tout savoir ! »

Cela fait plus de 15 ans de ça, mais jamais je n’oublierai mes débuts professionnels et l’apprentissage que l’UE a supposé.

Interprétation

L’interprétation d’accompagnement

La semaine dernière, j’ai passé quelques jours entre Metz et Luxembourg pour accompagner une entreprise catalane. Nous avons travaillé sur un salon et en visite d’un de leurs clients.

Lorsqu’on accompagne une entreprise, l’interprétation va bien au-delà de la traduction d’un message, nous devenons un membre de plus de l’entreprise, contribuant ainsi à leurs ventes et à leur expansion.
Pendant 3 jours, je n’ai plus été «Margarida, interprète» mais plutôt «Margarida, de la société machin truc»

Ce fut un plaisir d’accompagner ces gens de la terre, ces paysans, comme ils s’appellent eux-mêmes. Des gens intelligents, simples, passionnés par leur travail.

Interprétation accompagnement, liaison

Pourquoi je vous raconte cela ?

Parce que le travail de l’interprète est vraiment fait de mille et une casquettes !

〉Toutes les missions sont différentes.
〉Chaque client a des besoins très spécifiques.
〉Chaque déplacement à une saveur unique.
〉Chaque préparation requiert de ses propres méthodes
〉(…)

Il paraît que l’interprétation d’accompagnement est la plus informelle de tous les types d’interprétation.
Sans doute.
Oui.
Mais les enjeux sont parfois énormes.
Et l’humain vraiment au centre de l’action.

Interprétation

Les langues de Babel

Journée mondiale de la traduction

J’aimerais vous parler de la traduction, j’aimerais vous parler de langage. J’aimerais vous parler des langues et des regards qui se croisent. D’hommes et de femmes issus du monde de Babel. J’aimerais vous parler de nos baragouinages et des vôtres aussi. J’aimerais vous dire que les langues, c’est facile.

Les langues, c’est facile. Oui. Les langues, c’est important. Aussi. Derrière les langues, des cultures. Derrière les langues, des sentiments. Derrières les langues, des hommes et des femmes qui rient et pleurent. De la même façon. Ou pas.

J’aimerais aussi vous parler de communication interculturelle. De psycholinguistique. Et vous dire aussi qu’il y a des connaissances et des compétences. Peut-être évoquer aussi l’anthropologie. Et la sociologie. Et puis, j’en reviendrais encore aux langues.

Les langues de Babel

Je vous parlerais sans doute de mon monde. De mes traductions. De mon travail. Je partagerais aussi mes doutes, mes acquis et mes expériences. Je vous montrerai mes petits bilingues préférés. Et puis je vous dirais, ô je suis fatiguée, j’ai pris un accent, je vais me reposer. Je vous dirais ô, mais je bégaye, les mots s’entremêlent.

Les langues de Babel Les langues de Babel

Le choc des langues, dans mon cerveau, comme une partie d’auto-tamponneuses. Et je rêverai. Dans des langues, lesquelles, je ne sais pas, je ne sais plus.

J’aimerais sans doute vous dire ô combien le traducteur est un travailleur de l’ombre. Une signature ? Quelle signature ? Et je vous raconterai, aussi, certainement, ô combien les délais nous pressent et les mots qui ne s’alignent pas. Et puis, je vous dirais aussi les joies des lecteurs qui ne savent même pas qu’il y a un traducteur. Et ça, c’est bon. Ou alors, pas du tout. Mais non, je ne vais pas vous dire tout ça.

Je vais vous dire qu’on m’a dit interprétation et puis c’était aussi communication. On m’a dit plusieurs cultures et c’était interculture. Je vais vous dire que je navigue entre des mères différentes. Et que, parfois, les vagues me secouent. Prendre le gilet de sauvetage et refaire surface.

Les langues de Babel Les langues de Babel

Je vais vous dire aussi ô combien est importante la motivation et l’empathie. Je vais vous dire les gestes et les expressions, les grimaces. Je vais vous dire communication et intégration des quiproquos dans mes mots. Je vais vous dire adaptation.

L’amour des langues, dans mon cerveau, comme une partie de jeux amoureux. Et je rêverais. Dans tes langues et dans les miennes qui s’entremêlent pour mieux s’embrasser.