Bilinguisme

Familles trilingues : le Podcast

C’est aujourd’hui un tout petit article que je viens partager avec vous. Tout le monde sait ô combien je suis intéressée par le trilinguisme et comment c’est un peu notre quotidien. C’est sûr, PrincesseThelma est une petite bilingue en construction mais nous avons aussi une troisième langue maternelle, l’espagnol, que nous n’oublions pas et que nous introduisons (elle et moi) dans notre quotidien à travers les jeux, les comptines, les dessins animés et les poupées.

Quand Laura Mascaró m’a invité à participer à ce podcast, j’ai tout de suite dit oui. Un grand oui.

Laura est à la tête de toute une série de podcasts qu’elle enregistre et publie sur son canal Youtube. Elle est juriste, auteure de plusieurs livres, maman unschooler. Elle gère plusieurs sites webs, tous en rapport avec les enfants : TarkusKids.com et DesescolarizaciónInterior.com. Elle est la fondatrice de la Plataforma por la Libertad Educativa et conseillère en Espagne pour la Libertarian International Organization.

Pour cet épisode, Laura avait décidé de s’attaquer au sujet du trilinguisme et elle a pensé à moi. Nous avons passé une agréable après-midi à discuter, nous avons compté également avec la présence de Arantxa Colom, avocate et maman de deux enfants dont le papa est italien.

En presque une heure de débat nous avons abordé plusieurs aspects :

⇒ Comment les enfants se débrouillent avec les différentes langues ?
⇒ Quelle méthode utilisons-nous : la technique de une personne une langue (OPOL) ou non ?
⇒ Quand il y a d’autres personnes présentes, nous continuons de parler notre langue maternelle à nos enfants ?
⇒ Les enfants, ils mélangent les langues ? Si oui, nous les corrigeons ?
⇒ Différences entre acquisition et apprentissage…
⇒ Qui leur apprend à lire et à écrire dans ces langues maternelles – minoritaires ?
⇒ 

Tout ceci fut, bien sûr, en espagnol mais si vous maîtrisez cette langue ou que vous connaissez des gens à qui cela pourrait intéresser, n’hésitez pas à le partager.

Je ne peux pas finir un article sur le bi(tri)linguisme sans rappeler qu'une langue est beaucoup plus qu'un outil de communication, une langue est un tout : culture, sentiments, voyages, vie... Et seul les parents peuvent transmettre une langue maternelle à ses enfants, et ce où que l'on soit car cette transmission est une richesse inestimable, un trésor incalculable, le meilleur des héritages !

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Pour plus d’informations sur les travaux de Laura Mascaró, voici sa page Web

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Bilinguisme

Enfant bi(tri)lingue : l’aventure continue

Cela fait un petit bout de temps que je ne suis pas venue vous donner des nouvelles de notre petite bi(tri)lingue en construction. C’est voulu. Un enfant change, découvre et apprend à grande vitesse, certes mais il faut du temps et du recul pour en tirer des conclusions, des expériences, bref, pour se faire une petite idée de comment évolue linguistiquement un enfant qui est elevé dans un contexte multilingue et multiculturel.

Je l’ai dit et je le re-dis : non, tout ne se fait pas naturellement. Il faut accompagner un enfant bilingue en construction, il faut l’inciter et créer des contextes propices.
Bilinguisme chez les enfants

La débrouillardise et le vocabulaire qui s’élargit

Les enfants sont débrouillards par nature. Tous. C’est un peu la phrase des grandes-mères « un enfant ne se laisse pas mourir de faim ». C’est vrai et c’est un peu pareil en ce qui concerne l’utilisation qu’un enfant en bas âge (en période de construction du langage) fait des langues qu’il acquiert. Quoi qu’il arrive, où qu’il soit, il va se faire comprendre, il va arriver à communiquer.

Cet été, PrincesseThelma et moi sommes arrivées à Minorque pour un mois et demi. J’arrive toujours avec une petite crainte, « va-t-elle se faire comprendre ? » Les trois premiers jours sont compliqués. Elle a tendance à ne parler que français. Elle comprend le catalan et donc elle agit en conséquence, elle fait ce qu’on lui dit mais elle ne s’exprime pas dans cette langue. Cela m’angoisse un peu mais au bout de quelques heures, elle commence à switcher et elle passe au catalan. À partir de ce moment-là, plus de crainte, chaque minute qui passe, elle acquiert un nouveau mot, elle construit des phrases.

Quelques semaine plus tard, ChériGuiri arrive et elle sait tout de suite qu’il faut lui parler français. C’est bon, elle a compris qu’on ne parle pas tous la même langue et elle sait très bien dans quelle langue parler.

La langue minoritaire prend de l’envol…

C’est donc à cet instant, aux 2 ans et 3 mois de PrincesseThelma, en août 2015 que je me dis que ça y est, elle est consciente de l’existence de plusieurs langues. La prise de conscience est faite, je le sais, je l’entends quand elle s’exprime, je le vois sur son visage. Mais je sais aussi que le chemin à parcourir est encore long.

…et elle traduit

Parfois, elle traduit ses propres phrases, ses propres mots. Oui. Et cela nous fait rire, c’est mignon. Quand elle s’adresse à moi et que son père est aussi présent, elle lui fait ensuite la traduction. Par exemple, si elle me dit « mamà, Thelma vol sabates », elle regarde aussitôt son père et elle lui dit « Thelma mettre chaussures ». Je vous le dis, elle va pas se laisser mourir de faim ! C’est un peu genre « et bien, si t’as pas compris, là, tu vas comprendre ! »

Que se passe-t-il avec cette troisième langue ?

Pour l’instant pas grand-chose, c’est là que je trouve toute la difficulté. Avec le catalan et le français je sais qu’on réussira, qu’on est déjà sur la route, sur la bonne direction. Par contre, parfois, je m’inquiète vraiment quand je pense à l’espagnol et que je me dis qu’on ne vas pas y arriver et oh mon dieu, il faut qu’on y arrive ! L’espagnol est une langue très importante dans le monde. Minorque est une région bilingue avec deux langues co-officielles mais la langue la plus parlée reste le catalan. Ici à la maison on a mis quelques stratégies en place mais pour l’instant, j’ai l’impression qu’on y travaille très rarement. Les dessins animés en espagnol, la musique aussi… sauf que la petite n’est pas fan de rester scotchée devant la télé très longtemps (c’est bien, allez-vous me dire, et bien oui mais ça m’arrangerait un peu pour qu’elle soit plus en contact avec la langue de Cervantes) et en musique elle préfère plutôt les chansons populaires minorquines que les CD en espagnol que j’ai ramenés avec beaucoup d’espoir. Hélas.

L’acquisition de cette troisième langue reste donc ma première bataille, l’aspect que je vis moins bien dans cette aventure d’enfant bi(tri)lingue en construction. J’espère y arriver, elle est petite encore, il faut aller doucement…

Retour en pays de langue majoritaire

A notre surprise, le retour en France après un mois et demi en Espagne n’a pas été (n’est pas) évident pour PrincesseThelma. Outre les différences de le rythme de vie et de météo, nous sommes en train de nous demander si elle n’a pas, en fait, pris TROP conscience de la différence de langues. Je m’explique, depuis notre retour, il y a déjà 10 jours de cela, on la sent perdue. Le retour chez l’assistante maternelle n’a pas été facile non plus. J’ai même du demander à la nounou si la petite s’exprimait bien, si elle se faisait comprendre. Il parait que oui. Mais aussi bien ChériGuiri que moi, sommes en train de nous demander et de nous poser des questions. Oui, elle parle français, c’est clair mais pendant des semaines, au repère qu’est une maman, s’y sont ajoutés tout plein d’autres personnes qui parlent pareil que cette maman et d’un coup d’un seul, tout ce petit monde-là est disparu. Parce que depuis notre retour, elle ne veut que maman maman maman et même à son père, elle lui parle souvent en catalan…

Je sais, je sais, le français va très très très vite reprendre le dessous. C’est certain…

Mais cette petite radiographie d'une petite bi(tri)lingue en construction vient me réconforter dans l'idée qu'une langue est beaucoup plus qu'un système de communication, une langue est aussi une culture, une langue est un TOUT ! Qu'en pensez-vous, mamans d'enfant bilingues ?

Je vous invite à découvrir (ou redécouvrir) par ici les autres articles sur le bilinguisme.
Et n’hésitez, surtout pas, à laisser vos avis, vos témoignages, vos impressions, vos expériences…

Cet article fait un peu « brouillon d’une maman sur son petit carnet », aujourd’hui, je ne prétends pas donner une vision scientifique du bilinguisme, j’observe et j’analyse notre propre expérience parce que parfois, un petit retour sur le sujet, après plus de deux mois de silence fait du bien et sert de piqûre de rappel. Je reviendrais vite avec d’autres articles, je ne me lasse pas de dire que c’est une aventure passionnante, avec des hauts et des bas, avec beaucoup d’implication de la part de toute la famille et entourage, avec des découvertes permanentes.

Si vous souhaitez que j’aborde le sujet d’un point de vue concret, dites-le-moi et c’est avec plaisir que je vais m’y pencher…

Je suis bilingue pour des raisons géolinguistiques mais avec PrincesseThelma on découvre un autre type de mulitilinguisme.

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Bilinguisme

Être maman d’un enfant bilingue

Être maman d'un enfant bilingueAvoir un enfant bilingue (ou multilingue) doit, avant tout, être un projet de famille. C’est très important que l’ensemble de la famille soit d’accord sur le sujet et notamment sur les méthodes adoptées.

Bien que généralement tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut laisser faire les choses « naturellement » (principe auquel j’adhère), je me dois aussi de préciser qu’il faut, tout de même, un petit peu de travail.

Créer des situations, provoquer des rencontres

Quand, comme dans notre cas, il n’y a qu’un des parents pour transmettre la langue minoritaire (celle non parlée dans le pays où la famille habite), ce sera, surtout, ce parent qui devra créer des situations et provoquer des rencontres pour que son enfant bilingue puisse baigner dans cette/ces langues.

En dehors du cadre familial, l’enfant entendra principalement la langue du pays, que ce soit à l’école, avec les copains, une partie de la famille, chez le boulanger, etc. L’enfant « risque » donc de penser que cette langue minoritaire n’existe qu’au travers ce seul et unique parent. Pour nous, c’est moi, la maman.

Comme toutes les mamans du monde, je veux le meilleur pour ma fille. Qu’elle soit heureuse et en bonne santé, surtout. Quant à notre vie de famille bilingue, je me dois aussi de tout faire pour que Petite Princesse découvre qu’il y a d’autres gens qui parlent la langue de maman. Bien sûr, elle sait que par téléphone ou Skype il y a les grands-parents de Minorque qui parlent le catalan. Elle va aussi comprendre que le catalan c’est pour les vacances, c’est quand on prend l’avion, « boum bouuum », fait-elle en levant le bras dessinant une trajectoire. Pour l’espagnol, elle sait surtout que son Mickey chante des berceuses dans la langue de Cervantes.

La règle du 30 %

Pour qu’un enfant devienne vraiment bilingue, il faut qu’au moins il soit 30% de son temps en contact avec cette deuxième, troisième langue. C’est là que je me dis qu’on a du travail à faire. Je ne suis pas très forte en mathématiques mais je sais très bien que Petite Princesse est plus en contact avec le français qu’avec le catalan et surtout qu’avec l’espagnol.

Alors, le cerveau de maman qui veut le bonheur et l’épanouissement de sa fille se met en route… je cogite, je cogite. Ce n’est pas toujours facile, la journée n’a que 24 heures et ce, pour tout le monde. Et parfois, je sens un sacré poids, une sacrée responsabilité. Oui. J’avoue. Les avancées en catalan et en espagnol de Petite Princesse dépendent à 90% de moi. Wow ! Cela fait peur.

Mais nous n’avons pas le temps d’avoir peur.

Les familles multilingues

Je suis maman d’un enfant bilingue, je trouve des solutions

Oui. Encore une fois, comme toutes les mamans du monde, on finit par trouver des solutions. On tâtonne, on explore, on fait des recherches.

Et donc, récemment et pour la première fois, nous avons fait connaissance, Petite Princesse et moi, d’une autre maman espagnole avec un petit bout de chou exactement du même âge que ma petite. Nous avons pris un verre ensemble dans un café adapté pour les enfants (c’est important, il faut qu’ils aient de la place pour bouger, pour s’exprimer).  C’est cette autre maman, aussi désespérée que moi de l’infime nombre de jeunes familles franco-espagnoles qu’on peut croiser à Nantes, qui a pris contact avec nous, via ce blog. Elle est tombée sur Les mots de Marguerite et n’a pas hésité une seconde à me contacter. Je lui dis ¡muchas gracias! 
Nous avons fait un pas de plus dans notre aventure de famille bilingue.
Peut-être que ce samedi après-midi où nous avons pris ce café et bavardé en espagnol, j'avais d'autres choses à faire courses, ménage, préparer une paella mais en tant que maman d'un enfant bilingue, je dois aussi travailler et provoquer des situations et des contextes. Et c'est là que je dis que tout ne se fait pas "naturellement".

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