Vie à l'étranger

L’art de savoir vivre à plusieurs ou comment faire pour bien cohabiter avec des (in)connus

Dans une autre vie j’ai vécu à plusieurs, je veux dire, dans une autre vie beaucoup de fois j’ai vécu avec beaucoup de gens. Non, ce n’était pas une auberge espagnole, même si parfois ça le frôlait.

Le sujet de la colocation n’est pas trop évoqué et je trouve, pourtant, qu’il s’agit d’un moment très important dans la vie des jeunes. Un moment où l’on se sent déjà construits mais en vérité nous sommes encore en train de nous faire et de nous former. Nous sommes en train de ramasser de petits brins d’ici, petits morceaux de là pour en arriver à un « moi » bien complet et solide.

Si la famille est importante dans un premier temps (et pour toujours, soulignons-le), le fait de prendre les ailes n’est pas anodin. On se sent grands et forts, ce qui, en fait, est très loin de la réalité.

Je peux dire en quelque sorte (et ça, ce n’est pas de la science-fiction) que je suis la reine des colocations. De mes 18 ans à mes 30 ans j’ai été en coloc. Sauf une année de passage en cité-U. Alors si vous voulez des conseils je peux bien vous en donner, croyez-moi 🙂

Les deux mots clés pour une bonne colocation sont : tolérance et ouverture d’esprit.

Si de mes années de colocation j’en fais des statistiques, les résultats sont :

– 10 appartements
– 1 cité universitaire
– 7 villes
– 3 pays
– 28 colocataires
– 8 nationalités

Époustouflant allez-vous me dire !

Oui, peut-être, mais mon bilan n’est que positif malgré des moments difficiles et des envies d’un vrai chez soi. Pourquoi donc ce choix ? En Espagne, là où j’ai commencé mon périple c’est la solution première, étant donné que le système de résidences universitaires et de studios n’est pas trop répandu. Ma première année en France je l’ai passée dans une cité universitaire et ce n’est pas ce qui m’a plu le plus. C’est bien donc pour cela que j’ai repris un appartement.

Sauf mes trois premières années où je connaissais mes colocataires du lycée, les autres gens avec qui j’ai vécu les années suivantes je ne les connaissais pas du tout. J’ai fait confiance à mon instinct et je pense, en plus, que quand on ne se connait pas c’est davantage facile car tout le monde part sans à-priori et c’est doucement que chacun « marque leur territoire ».

Des moments de rigolades et de situations rocambolesques j’en ai eu, voici un petit aperçu:

– Ce n’est pas vrai que les femmes sont plus propres que les hommes
– J’ai du annoncer à mes colocs anglaises que même si le « mocho » est une invention espagnole il n’y avait que moi pour l’utiliser !
– Pour le thanksgiving je ne savais pas qu’il fallait garder une espèce d’os de poulet, quand je l’ai vu bien placé à coté de l’évier, ça m’a donné envie de vomir donc je l’ai jeté.. évidemment je me suis fait poursuivre par l’américaine !
– Les espagnols (même si je le suis) mangent trop tard le soir, donc mes deux années de parenthèse passées en Espagne ont été dures 🙂
– Mon coloc suédois en Belgique ne parlait pas un mot de français, il n’y avait que moi qui faisait des efforts pour parler l’anglais, je m’en suis bien tirée, mais il faisait très bien le repassage tous les matins !
– Vivre avec des anglaises et faire semblant de pas comprendre ça rapporte, j’évitais de me mêler des multiples conflits USA-UK ! Cela s’appelle de la diplomatie intelligente 🙂 !
– Les gémissements de plaisir dans la chambre d’à côté, je connais aussi, un alléluia pour les boules Quies !

Je pourrais sans doute continuer mais je ne suis plus en âge de coloc…

Ce n’est pas sans une pointe de fierté que je parle de tout cela, j’ai aimé, j’ai pleuré, j’ai rigolé et surtout j’ai toujours pris un grand soin de ma chambre des mes différents appartements, des petites touches bien à moi, un petit bout de mon chez moi d’origine, un petit bout de chacune des villes, un bout de ruban et un joli rideau et le tour est joué pour se sentir bien au chaud de ce chez soi partagé.

Depuis, il y a des petits objets qui viennent toujours avec moi. Un joli ours qui m’a été offert par une de mes colocs anglaises, elle me l’a glissé en cachette dans ma valise quand je quittais la ville très triste et très tôt sous la bruine bretonne… cinq avions m’attendaient encore pour rentrer chez mes parents et repartir deux mois plus tard. Cet ours il est toujours avec moi, je lui parle, il est le seul à me comprendre complètement, le seul à avoir tout partagé, le seul vrai compagnon de voyages…Le seul qui connait mon vrai parcours !

L’article pourrait être bien long, un sujet sur lequel je peux raconter plein de choses, mais il vaut mieux en garder un peu pour soi, vous savez… mieux vaut insinuer que montrer !

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Quand j’y crois, j’y vais

J’avance pour y arriver
je recule pour mieux regarder
mais je ne vois pas,
un ciel éblouissant
m’a perdue;
je me cherche et je me trouve
sous ce temps de passage.

J’y crois et j’y vais
je cours, et devant moi
mon ombre me dérange
j’ai peur et j’arrête;
un soupir profond va m’aider
à traverser le creux,
l’abîme n’est plus là.

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Personne n’ose avouer qu’elle se sent seule…

Elle vit seule depuis quelques années. Quand elle part de chez elle le matin, il est rare qu’elle croise quelqu’un dans l’ascenseur. Seulement de temps en temps elle voit la voisine du cinquième, oui, celle qui a trois enfants bien agités. La dame se contente d’un « ils n’arrêtent pas de la journée », elle s’excuse. Marie elle sourit, elle dessine à moitié un sourire, le premier de la journée, un geste poli et aseptique qui ne donne pas de place aux mots. Une fois dans la rue, elle s’apprête à prendre le bus, elle montre simplement son abonnement mensuel au conducteur, qui lui rend un regard rapide et encore ensommeillé. Les jours de chance, elle trouve une petite place, elle s’assit. Deuxième sourire de la journée.

Vingt minutes plus tard, Marie arrive au travail. « Qu’est-ce qu’il fait froid ». « Vous avez-vu la nouvelle coupe de Claire? » « On verra ce que le responsable nous lâche aujourd’hui ». Un essai de sourire et quelques phrases bien courtes pendant que les femmes enfilent la blouse de l’entreprise. Dix heures pétantes. Le supermarché ouvre, Marie est déjà prête derrière sa caisse. « Cela fait 135€ ». « Voulez-vous un sac ? Cinq centimes chacun. » « Avez-vous la carte fidélité ? » Et ainsi de suite, une fois, deux fois, trois… jusqu’à 13h30, heure de pause. Elle mange rapidement ce qu’elle a amené dans une gamelle. Et c’est reparti. Encore un après-midi de phrases courtes et stéréotypées avec de temps en temps des demi-sourires. Et retour au bus. Enfin à la maison. Canapé. Télé. Fatigue. Pourvu que le sommeil arrive. Vite.

Des dizaines, voire des centaines de personnes sont passé aujourd’hui par la vie de Marie. Mais elle est toute seule. Elle n’a pas eu de vraie conversation de toute la journée. Et bien des jours vont s’écouler avant qu’elle n’ait la chance d’en avoir une, de conversation réelle.

Les autorités calculent qu’environ quatre millions de français (1 sur 16) ont seulement trois vraies conversations par an. Trois. Une tous les 121 jours. Dans les zones rurales la télé a remplacé les conversations dans les rues et dans les bars. Dans les villes il y a une constante augmentation de l’incommunication chez les 30 et 50 ans : des femmes, des hommes, des veufs, des célibataires, des jeunes au chômage qui ont l’ordinateur comme unique et seul moyen de communication.

Mais en famille aussi il y en a qui se sentent seuls. Rentrer à la maison et ne parler que des choses banales sur les enfants, le souper ou le bruit qui vient de chez les voisins. Il paraît que c’est pour cela qu’après les vacances d’été et après Noël les cas de divorces augmentent. Car on reste trop longtemps en famille et on ne sait plus parler.

Et la pire des choses, personne n’ose avouer qu’elle se sent seule. On cache la solitude comme cette poussière qu’on fait disparaître juste avant de recevoir. Ensuite, elle réapparaît. Ce ne sont que des apparences.

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